HENRI MARTINEZ

Le Feu dévorant

Editions Robert Laffont. Paris 1987

 

Ayant perdu tout espoir de donner un sens à sa vie d’exilé et refusant le suicide, le narrateur, naguère activiste de l’OAS, revient en Algérie dans le but affiché de s’y faire donner la mort. Mais son cas n’est pas prévu dans les textes de l’administration et, pour se débarrasser de lui, le commissaire de police l’envoie à ORAN dans un centre où il sera engagé en qualité de coopérant pour former à l’enseignement de  la lecture en langue française des élèves-professeurs que le jeune État doit recruter en grand nombre.

Sa méthode pédagogique, profondément originale, en fait des acteurs passionnés par l’éveil à la vie grâce à la lecture de textes littéraires.

Et sa réussite lui vaut d’être promu dans une toute nouvelle administration Enseignement et Santé.  En compagnie d’une infirmière et d’un assistant il aura pour charge de contrôler le fonctionnement des écoles sur une vaste étendue de l’Orannie.

 

Dès sa première mission, un premier regard échangé avec la jeune infirmière de son  équipe scelle une passion réciproque. Saadia est de nature une femme rebelle et, pour lui, par excellence puisqu’elle a été son ennemie pendant la guerre :  à la fois moudjahida et moussbiline, combattante et infirmière dans la maquis.

L’histoire de cette passion partagée est scandée par des scènes de violence revécues d’un camp à l’autre par les deux partenaires dans une sorte de danse d’amour et de mort.

 

Seul un coup d’état parviendra à mettre un terme définitif à cette relation sous l’empire des sens auquel ils ont été l’un et l’autre assujettis. En y adhérant à son corps défendant la jeune femme choisira de rester fidèle aux engagements de son adolescence révolutionnaire. Et le coopérant, devenu inutile puisque la langue arabe serait désormais seule enseignée en Algérie, se verra exfiltré vers l’autre rive.

 

Ce roman, composé pour l’essentiel de dialogues qui mettent en scène les contradictions et les oppositions, constitue un cas d’école pour une étude clinique du conflit des pulsions Eros et Thanatos. Et son arrière-plan esquisse le tout début d’une histoire de ce que sera l’Algérie après 1962 avec la violence, les coups fourrés, les compromissions, les trahisons, bref tout ce qui emportera le fleuve détourné sous la gouvernance du FLN.

Mais l’Histoire n’y est qu’un fond d’écran. Le sujet du Feu dévorant est bien cette passion pour une femme recherchée comme la mort et qui devient pour Henri Martinez le symbole d’une Algérie écartelée – la terre-mère dont aucun de ses enfants n’a la propriété exclusive – comme l’a été Nedjma pour Kateb Yacine.

 

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