Commençons par définir cette expression «  intelligence artificielle » ( inventée en anglais dans les années 50 par John Mac Carthy ) à partir du  sens premier de ses 2 termes :

 L’adjectif « artificiel » apparaît au  XIVe siècle dans un écrit d’un traducteur d’Aristote, Nicolas Oresme, qui l’oppose à « naturel ». Au  XVIIIe siècle, à l’époque de l’Encyclopédie,  est artifciel ce qui est produit par l’habilité humaine, ce qui est fabriqué par l’homme.

L’intelligence est la capacité de comprendre (du latin comprehendere :  saisir ensemble) et de penser (du latin  pendere :peser) qui permet donc de distinguer et de discerner (du grec KRINEÎN : séparer) en comparant avant de choisir. L’Encyclopaedia Universalis dit qu’elle est initialement une fonction spécifique de l’homme, à la différence des animaux qui n’ont que l’instinct. Mais le terme a vite des emplois différents selon les philosophies, comme par exemple, l’idéaliste « souveraine intelligence » pour désigner l’intelligence de Dieu, à la différence de celle de l’homme.

L’intelligence artificielle, initialement produite par l’habilité de l’homme et par ses algorithmes, répond à tous les éléments de la définition initiale de l’intelligence, à ceci près qu’elle choisit parmi ce qui lui a été donné par l’homme et propose à une fin précise fixée par l’homme ce qui est dans la plus grande relation probable avec cette fin précise.

Mais il y a aussi l’intelligence artificielle générative. Pour cela ma seule réponse relierait la recherche spirituelle à la production artistique. Et elle tiendrait dans la formule proposée par Fabrice Luchini:

« La musique de Beethoven est la preuve de l’existence de l’âme »

Assurément, l’intelligence artificielle peut inventer une dixième ou une onzième symphonie en simulant le style de Beethoven de telle façon que même des mélomanes puissent s’y laisser prendre. Mais l’intelligence artificielle générative ne pourra jamais créer une musique comme l’est la musique de Beethoven. Elle ne fera jamais que de nouvelles combinaisons qui pourront être superbes. Mais le rassemblement de ces différents isolats ne pourra jamais constituer une œuvre d’art.

Pourquoi ?

 Eh bien !  parce que l’œuvre d’art se définit par ces trois critères à la fois:

  • sa radicale nouveauté
  • l’invention d’une forme nouvelle qui porte le sens, c’est-à-dire la vision de l’artiste
  • le fait que cette forme-sens soit déclinable de plusieurs façons.

Bref, dans ses différentes actualisations, l’œuvre d’art est diversement monotone ; ce qui est tout à fait autre chose qu’un assemblage de différents isolats, si beaux soient-ils ! Les artefacts d’une « machine pensante » ne pourront jamais constituer une œuvre d’art parce qu’il y manquera toujours la modulation infinie d’une émotion :

                                                                                          « la chose envolée

qu’on sent qui fuit d’une âme en allée »

                                                                                   aurait dit Verlaine

Nous qui avons une âme, faisons donc confiance à notre petite musique intérieure et à nos actions qui la portent pour transmettre notre foi, quelles que soient les performances des nouveaux scribes ou des apprentis-sorciers que sont les concepteurs d’algorithmes pour l’intelligence artificielle générative !

N’ayons pas peur de l’I.A. !…mais restons vigilants !

Eveline CADUC  17 avril 2025

{ 0 comments }

Boualem Sansal embastillé à Alger

30 décembre 2024

        Lors de la réunion organisée par le Comité de soutien à Boualem Sansal le 16 décembre au Théâtre Libre de Paris, nombreux étaient celles et ceux qui, dans les conversations particulières, louaient la gentillesse et l’attention aux autres de l’écrivain embastillé à Alger depuis un mois. Ce qui en faisait comme […]

Lisez l’article en entier →

Notes de lectures :Henri Martinez Le Feu dévorant

13 mars 2021

HENRI MARTINEZ Le Feu dévorant Editions Robert Laffont. Paris 1987   Ayant perdu tout espoir de donner un sens à sa vie d’exilé et refusant le suicide, le narrateur, naguère activiste de l’OAS, revient en Algérie dans le but affiché de s’y faire donner la mort. Mais son cas n’est pas prévu dans les textes […]

Lisez l’article en entier →

Après le martyr de Samuel Paty

19 décembre 2020

Après le martyr de Samuel Paty Comme Georges Brassens dans sa chanson de l’Auvergnat, le pape François continue à dire qu’il faut ouvrir à l’Etranger en péril qui frappe à notre porte.   Je le revois encore arrivant en France en fin 1999 ou début 2000 ce bus rempli de femmes et d’enfants Tchétchènes – […]

Lisez l’article en entier →

8 mai 2020

8 mai 2020

8 mai 2020 sur la place de l’Etoile des silhouettes dans le silence un Amiral, des Généraux, des Chefs d’armées, de la Gendarmerie, de la Police et la Maire de Paris avec les Présidents des Corps Constitués deux anciens Présidents de la République un Président en exercice pour honorer tous les combattants de la Seconde […]

Lisez l’article en entier →

Lettre du 5 juillet 2019

5 juillet 2019

  C’est aujourd’hui le 5 juillet, noire journée d’anniversaire pour ceux qui ont retrouvé les corps de leurs  proches martyrisés dans les rues d’Oran en 1962 mais aussi pour ceux, plus nombreux encore, dont des parents ont disparu et qui ont dû quitter le pays de leur naissance, alors que  bien souvent ils n’en connaissaient […]

Lisez l’article en entier →

Algérie, la seconde révolution

9 avril 2019

Retenons notre souffle tant que la jeunesse d’Algérie n’est pas parvenue à se débarrasser saine et sauve du système entretenu depuis l’indépendance par le FLN et les Marsiens ! Retenons notre souffle devant le caractère miraculeux  de cette puissante revendication portée avec tant de maturité par la jeunesse et,  à sa suite,  par tout le peuple […]

Lisez l’article en entier →

Notes sur Le Train d’Erlingen de Boualem Sansal.

10 octobre 2018

Notes sur Le Train d’Erlingen de Boualem Sansal. Editions Gallimard 2018 « Métamorphose », le terme le plus fort du dernier roman de Boualem Sansal n’est pas dans son titre , Le Train d’Erlingen, mais dans son sous-titre :« La métamorphose de Dieu ». Comment faut-il entendre l’expression ? À la question posée lors du Festival […]

Lisez l’article en entier →

Libre, documentaire de Michel Toesca

28 septembre 2018

  À propos de Libre, documentaire de Michel Toesca sorti en salles le 26 septembre 2018. « Les migrants c’est comme les vents Ils arrivent on ne sait pas d’où ils viennent on ne sait pas où ils vont C’est comme les vents » dit un vieux paysan à l’accent italien devant la table de […]

Lisez l’article en entier →

L’Art de perdre, le roman d’Alice Zeniter sous le signe de Gauguin et de René Char

25 novembre 2017

  L’Art de perdre, roman d’Alice Zeniter (éditions Flammarion 2017) sous le signe de Gauguin et de René Char  Puisque L’Art de perdre s’ouvre et se ferme dans une galerie d’art,  la grande toile peinte par Gauguin à Tahiti « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? »pourrait s’y glisser en surimpression. Et de fait, […]

Lisez l’article en entier →