C’est aujourd’hui le 5 juillet,
noire journée d’anniversaire pour ceux qui ont retrouvé les corps de leurs proches martyrisés dans les rues d’Oran en 1962
mais aussi pour ceux,
plus nombreux encore,
dont des parents ont disparu
et qui ont dû quitter le pays de leur naissance,
alors que bien souvent ils n’en connaissaient pas d’autre,
rongés par la pensée sournoise qu’ils les abandonnaient.
Et tous ceux-là n’ont jamais pu accomplir l’indispensable travail du deuil,
et tous ceux-là,
comme le chœur d’une tragédie antique,
ne cessent de redire à nos gouvernants:
« Jusques à quand maintiendrez-vous cette chape de silence sur la responsabilité de l’Etat français dans les massacres d’Oran du 5 juillet 1962?
Quand donc reconnaîtrez-vous la responsabilité de l’Etat français
pour non-assistance à citoyens en danger lors des massacres d’Oran du 5 juillet 1962 , alors même que l’Algérie était indépendante ?
Quand donc reconnaîtrez-vous la responsabilité de l’Etat français
pour violation des accords d’Evian et de la protection qu’ils devaient garantir à tous ses ressortissants après l’Indépendance
puisque le gouvernement français avait consigné l’armée dans ses casernes
alors même que, dans la matinée du 5 juillet 1962 , la tuerie d’Oran lui était signalée ?
Quand donc reconnaîtrez-vous la responsabilité de l’Etat français dans l’abandon de nos disparus ?
Quand donc reconnaîtrez-vous la responsabilité de l’Etat français dans l’entretien de cette chape de silence imposée par les gouvernants de l’Algérie depuis Ahmed Ben Bella et Houari Boumediene sur les massacres d’Oran du 5 juillet 1962? »