à propos de l’intelligence artificielle

17 avril 2025

Commençons par définir cette expression «  intelligence artificielle » ( inventée en anglais dans les années 50 par John Mac Carthy ) à partir du  sens premier de ses 2 termes :

 L’adjectif « artificiel » apparaît au  XIVe siècle dans un écrit d’un traducteur d’Aristote, Nicolas Oresme, qui l’oppose à « naturel ». Au  XVIIIe siècle, à l’époque de l’Encyclopédie,  est artifciel ce qui est produit par l’habilité humaine, ce qui est fabriqué par l’homme.

L’intelligence est la capacité de comprendre (du latin comprehendere :  saisir ensemble) et de penser (du latin  pendere :peser) qui permet donc de distinguer et de discerner (du grec KRINEÎN : séparer) en comparant avant de choisir. L’Encyclopaedia Universalis dit qu’elle est initialement une fonction spécifique de l’homme, à la différence des animaux qui n’ont que l’instinct. Mais le terme a vite des emplois différents selon les philosophies, comme par exemple, l’idéaliste « souveraine intelligence » pour désigner l’intelligence de Dieu, à la différence de celle de l’homme.

L’intelligence artificielle, initialement produite par l’habilité de l’homme et par ses algorithmes, répond à tous les éléments de la définition initiale de l’intelligence, à ceci près qu’elle choisit parmi ce qui lui a été donné par l’homme et propose à une fin précise fixée par l’homme ce qui est dans la plus grande relation probable avec cette fin précise.

Mais il y a aussi l’intelligence artificielle générative. Pour cela ma seule réponse relierait la recherche spirituelle à la production artistique. Et elle tiendrait dans la formule proposée par Fabrice Luchini:

« La musique de Beethoven est la preuve de l’existence de l’âme »

Assurément, l’intelligence artificielle peut inventer une dixième ou une onzième symphonie en simulant le style de Beethoven de telle façon que même des mélomanes puissent s’y laisser prendre. Mais l’intelligence artificielle générative ne pourra jamais créer une musique comme l’est la musique de Beethoven. Elle ne fera jamais que de nouvelles combinaisons qui pourront être superbes. Mais le rassemblement de ces différents isolats ne pourra jamais constituer une œuvre d’art.

Pourquoi ?

 Eh bien !  parce que l’œuvre d’art se définit par ces trois critères à la fois:

  • sa radicale nouveauté
  • l’invention d’une forme nouvelle qui porte le sens, c’est-à-dire la vision de l’artiste
  • le fait que cette forme-sens soit déclinable de plusieurs façons.

Bref, dans ses différentes actualisations, l’œuvre d’art est diversement monotone ; ce qui est tout à fait autre chose qu’un assemblage de différents isolats, si beaux soient-ils ! Les artefacts d’une « machine pensante » ne pourront jamais constituer une œuvre d’art parce qu’il y manquera toujours la modulation infinie d’une émotion :

                                                                                          « la chose envolée

qu’on sent qui fuit d’une âme en allée »

                                                                                   aurait dit Verlaine

Nous qui avons une âme, faisons donc confiance à notre petite musique intérieure et à nos actions qui la portent pour transmettre notre foi, quelles que soient les performances des nouveaux scribes ou des apprentis-sorciers que sont les concepteurs d’algorithmes pour l’intelligence artificielle générative !

N’ayons pas peur de l’I.A. !…mais restons vigilants !

Eveline CADUC  17 avril 2025

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