Algérie, une seconde révolution? (8)

25 février 2011

Lu pour vous dans EL WATAN


le 25.02.11

Batna

La révolution avec l’ art et sans les armes

Les artistes manifestent pour la culture et la démocratie depuis plus d’un mois à Batna. Un mouvement qui prend de l’ampleur, déborde les Aurès et promet une mobilisation nationale.


Le phénix a pris feu mardi sur la place de la République à Batna. Les artistes protestataires ont choisi cette fois de marquer leur happening hebdomadaire par cette mise en scène symbolique qui représente le renouveau de l’art et de l’artiste. C’est la septième semaine consécutive que les habitués manifestent devant le théâtre, poursuivant ainsi leur mouvement de revendication qui se veut radical et en rupture avec tout ce qui se faisait avant. Petit rappel des motifs : des artistes, toutes disciplines confondues, sont entrés depuis deux mois en dissidence avec le système, appelant au changement à la tête des principaux établissements culturels et à des enquêtes présidentielles autour de la gestion des fonds destinés à la culture à Batna.

L’intransigeance et la détermination du groupe, conjuguées à ses aspirations démocratiques, ont déstabilisé le statu quo et dérangé sérieusement la nomenklatura locale qui a eu recours à des manœuvres peu fair-play pour diviser le groupe et juguler le large mouvement de sympathie né autour de la dynamique. Les breackdancers sont les premiers à avoir quitté le mouvement. La direction de la maison de la culture a su les «désactiver» en leur offrant un local pour les répétitions après avoir refusé des années durant. Saïd Berkane, un jeune intermittent touche à tout, n’en veut pas à ces jeunes, au contraire : «Nous sommes contents pour eux, l’un de nos objectifs justement est de récupérer les espaces au profit des artistes. » Ceci dit, les manœuvres de récupération n’ont jamais cessé depuis le déclenchement du mouvement.
Don Quichotte
«Moi-même j’ai été approché par deux acteurs du Théâtre régional de Batna qui m’ont offert du travail, mais j’ai refusé», raconte-t-il, ajoutant : «Notre problème n’est pas l’argent, c’est la dignité, le travail sans la dignité n’a pas de sens.» Voici deux semaines, un député RND a tenté de réunir ces artistes avec des représentants de l’administration locale afin d’amorcer un dialogue et trouver une issue au bras de fer. L’initiative n’a eu aucune suite, affirment des manifestants, à cause du manque de sincérité de l’initiateur. De son côté, le président de l’APC, croyant bien faire, a suggéré aux artistes de s’inscrire au bureau de la main-d’œuvre ! Saïd, qui manifeste avec l’armure de Don Quichotte, rit de ces tentatives et philosophe en donnant la véritable dimension à son combat : «Nous aussi on veut donner à notre pays. Les vieux nous soûlent avec le discours sur la révolution. Laissez-nous faire notre révolution avec l’art et sans les armes.» A l’image des autres régions du pays, l’artiste de Batna est marginalisé, privé des espaces et des opportunités, quand il n’est pas inscrit au réseau de clientèle.

«A Batna, l’infrastructure et les moyens existent, mais ils ne veulent pas investir dans l’humain», affirme encore le chorégraphe intermittent, Issam Djenane, dit Ferfara. D’où la revendication d’un statut pour l’artiste, inscrite en tête de la plateforme défendue par les protestataires. La dynamique enclenchée à Batna semble gagner beaucoup de sympathie partout ailleurs en Algérie. Les messages de soutien cèdent la place à des contacts multiples et à des initiatives de coordination, assure le dramaturge Khaled Bouali, en vue de donner un caractère national à ce mouvement d’Algériens pour la liberté et la culture. Chose qui n’est pas ardue, compte tenu des similitudes rapprochant les artistes qui partagent tout, s’agissant de marginalisation et de difficultés à trouver du travail. Sont exclus de cette longue liste bien entendu ceux qui profitent amplement de la rente de part leur proximité avec le pouvoir.

Nouri Nesrouche

Le 25/02/11

Les étudiants maintiennent la pression

A Béjaïa, où les enseignants se sont ralliés aux étudiants, à Blida, où les revendications s’élargissent ou à Boumerdès, où les promesses du Conseil des ministres n’ont pas convaincu… Dans la plupart des wilayas, les étudiants maintiennent la pression. Tout ne se décide pas à Alger. La preuve…


Tlemcen. Nombre d’étudiants : 25 000 – Début de la contestation depuis le 15 février : Dans l’attente d’un nouveau décret

Les étudiants de la faculté des sciences de la vie et de la nature, en arrêt de cours depuis dimanche dernier, ont déclaré : «Nous, étudiants dans le cycle d’ingéniorat, sommes en grève depuis le 9 février pour assurer notre avenir, et ce, jusqu’à la promulgation d’un nouveau décret présidentiel garantissant nos revendications.» Pour leur part, les étudiants de l’école préparatoire protestent, depuis mi-janvier et refusent d’être «rattachés» au nouveau système LMD. Dans un communiqué, qui nous est parvenu de l’organisation des étudiants libres de Tlemcen, il est précisé : «Nos revendications sont légitimes, nous demandons essentiellement l’abrogation du décret du 15 décembre 2010 et la réouverture du concours du magistère pour ce qui est de l’ancien système et maintenir l’appellation ‘ingénieur’.» Et d’ajouter : «Nous nous élevons contre toute manipulation ou surenchère politicienne. Nous croyons en un changement pacifique et serein et nos problèmes ne doivent pas être résolus en dehors de l’enceinte de l’Université.» Chahreddine B.

Sidi Bel Abbès. Nombre d’étudiants plus de 40 000 : La reprise des cours ne fait pas l’unanimité

Les étudiants grévistes de l’université de Sidi Bel Abbès ont repris hier «momentanément» les cours, après une semaine de débrayage, selon l’un de leurs délégués. Cette décision, qui ne semble pas avoir fait l’unanimité, fait suite à une rencontre tenue mercredi dernier entre le recteur de l’université Djilali Liabès (UDL) et des représentants des grévistes. Selon des étudiants interrogés hier : «Un certain nombre de grévistes hésitent à reprendre les cours», après l’annonce faite par le gouvernement relative à l’abrogation du décret 10‑315,  à l’origine de cette protesta. «Nous attendons de voir plus clair pour décider de la suite à donner à notre mouvement», font savoir, pour leur part, des étudiants de la faculté des sciences de l’ingénieur. Pour rappel, les étudiants grévistes de la faculté des sciences de l’ingénieur ont durci le ton, lundi dernier, en fermant systématiquemaent les voies d’accès aux différentes structures pédagogiques et administratives. Les étudiants grévistes, à l’instar de ceux des différentes filières d’enseignement scientifiques (électronique, électrotechnique), avaient réitéré, lundi, leurs exigences visant l’annulation pure et simple dudit décret qu’ils jugent «incohérent». M. Abdelkrim

Oran. Nombre d’étudiants 100 000 – Début de la contestation le 10 février : La grève se poursuit

Les  trois universités de la wilaya d’Oran, Es Sénia, la plus ancienne, l’USTO et Belkaïd, ont toutes observé un mouvement de grève, pratiquement, dans toutes les filières.  La protestation estudiantine est partie de l’université des sciences et technologies d’Oran pour s’étendre rapidement aux deux autres. C’est la filière des ingénieurs d’Etat, appuyée par celle du département de génie maritime, qui a allumé la mèche de la contestation. En effet, depuis plusieurs jours, les étudiants ont pris place devant l’entrée principale de l’Institut du génie maritime, empêchant l’accès à leur établissement, tout en brandissant des banderoles et pancartes revendicatives, notamment celles ayant trait au LMD. Cette grève, entamée le 10 février, se poursuit toujours avec des scènes de protestation tournantes. Les étudiants de l’Institut national des télécommunications, des technologies de l’information et de la communication ont opté, à leur tour, pour la grève en se postant devant la porte d’entrée de leur institut sur la route d’Es Senia. La même attitude de refus est observée chez les étudiants en sciences de la terre, de la géographie et de l’aménagement urbain. Toutes ces protestations ont pour principale revendication l’abrogation du décret 10-315 du 13 décembre 2010. Hadj Sahraoui

Boumerdès. Nombre d’étudiants 26 000-Début de la contestation le 7 février : Faute de «réponse claire», les facs restent bloquées

Les étudiants de l’université M’hamed Bougarra sont toujours en grève. Hier, la plupart des facultés ont été bloquées «en raison de l’absence d’une réponse claire et écrite quant à la satisfaction de leurs revendications». «Le Conseil des ministres n’a fait qu’approuver ce qui a été décidé par les recteurs des universités du Centre et il n’y a aucun texte de loi promulgué pour l’annulation du décret 10-315 du 13 décembre 2010», relève Hamid, un étudiant en biologie. Avant d’ajouter : «A Boumerdès, nous nous sommes tous entendus dès le début pour maintenir la pression jusqu’au bout et nous avons décidé de ne pas faire confiance à ceux qui nous répondent par la matraque et la répression». Maintenir la pression ! Les étudiants ne comptent donc pas suspendre leur mouvement de sitôt. Certains n’écartent pas de voir leurs camardes du système LMD prendre le relais de la protestation pour réclamer la modification du système des échelons et le décret de 2007, fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires. Comment en est-on arrivé là ? Les protestataires soulignent que «le problème remonte au début de l’année lorsque des rumeurs ont circulé sur l’annulation du concours de magistère». Ces rumeurs qui ont fini par se confirmer après la publication du fameux décret dans le site de l’université, ont incité les étudiants à entreprendre des actions pour en exprimer leur opposition. La mobilisation a commencé le 7 février par les étudiants de la faculté des Sciences de l’ingénieur, avant de gagner les autres facultés. Les étudiants avaient décidé ainsi à l’unanimité de bloquer les examens et d’entamer une grève illimitée à partir du 12 février, une date qui a coïncidé avec la marche de la CNCD, mais les étudiants abordés affirment «n’avoir aucune relation avec la politique, ni même avec la CNCD», soulignant que «leur mouvement est spontané et n’a besoin d’aucun leader pour réussir». R. Koubabi

Blida. Nombre d’étudiants 50 000 – Début de la contestation début février : Les revendications débordent sur la Fonction publique

L’université de Blida, qui demeure l’un des plus grands établissements de l’enseignement supérieur à l’échelle nationale, est paralysée depuis une dizaine de jours par un vaste mouvement de grève. Cela coïncide avec les examens. Le débrayage y est d’ailleurs spontané, mais avec le soutien des organisations estudiantines, vise surtout à protester contre le décret n°10-315 du 13 décembre 2010, mettant sur un pied d’égalité un détenteur d’un master qui a fait cinq ans d’études (système LMD) avec un détenteur de magistère (système classique), un diplôme qui nécessite au moins sept ans de formation. Une flagrante aberration, selon les protestataires. «Le Conseil des ministre a soi-disant abrogé ce décret. Mais on veut que cela soit écrit noir sur blanc et on ne se contentera pas juste de communiqués. Entre-temps, nous continuons notre grève», insiste un groupe d’étudiants en architecture. Le débrayage a été enclenché par les étudiants en système classique mais plusieurs autres, inscrits en LMD, ont été empêchés de passer leurs examens. Les grévistes ont carrément fermé les accès menant aux amphis des facultés des sciences de l’ingénieur et des sciences agronomiques et vétérinaires, entre autres. Les facultés des langues et des sciences humaines et sociales sont moins touchées par ce mouvement. En dehors de leur principale demande, plusieurs étudiants en sciences vétérinaires ont profité de l’occasion pour critiquer haut et fort les services de la Fonction publique qui les classe comme les ingénieurs. Ils revendiquent ainsi un nouveau statut particulier dans la Fonction publique qui prenne en considération les spécificités de leur métier et leur titre de docteur. Mohamed Benzerga

Tizi Ouzou. Nombre d’étudiants 48 000 – Début de la contestation début février : La protestation se poursuit

Le mouvement de protestation se poursuit toujours à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Une imposante mobilisation a été organisée, début février, à l’initiative de la coordination locale des étudiants. A travers cette action, les 48 000 étudiants de l’UMMTO veulent dénoncer, encore une fois, le système LMD, licence, master, doctorat, et demander l’amélioration de leurs conditions sociopédagogiques. Depuis, la communauté estudiantine est toujours en effervescence. La faculté de droit et des sciences juridiques de Boukhalfa a été paralysée par une grève qui a duré plus d’un mois. Les étudiants ont protesté plusieurs fois pour revendiquer le maintien de la formation du Certificat d’aptitude à la profession d’avocat, CAPA. A Tamda, les résidantes des deux cités universitaires ont marché, la semaine dernière, sur la wilaya pour dénoncer l’insécurité. Elles exigent le renforcement des conditions de sécurité dans leurs résidences. H. Azzouzi

Béjaïa. Nombre d’étudiants 40 000 étudiants – Début de la contestation début février : Les enseignants rejoignent les étudiants

Les deux campus de l’université Abderrahmane Mira ont été maintenues fermés hier par les étudiants en grève. Près de 40 000 étudiants, soit la totalité des effectifs de l’université, observent ainsi un arrêt de cours prolongé depuis deux semaines. L’administration trouve ainsi toutes les peines du monde à achever un premier semestre des plus catastrophiques. Ponctué de grèves répétitives depuis les premiers jours de la rentrée universitaire, ce premier semestre n’a duré que deux mois d’études à peine. La présente grève tombe en pleine période d’examens, suspendus jusqu’à nouvel ordre, compliquant davantage la situation. Au moment où le campus de Targa Ouzemour, où est assuré l’essentiel des enseignements en système classique, voit ses deux principaux accès fermés, dans celui d’Aboudaou, les grévistes continuent de bloquer l’accès aux différents départements à l’aide de tables. L’abrogation du décret présidentiel n°10-315 n’a entamé en rien leur détermination à rester sur leur position jusqu’à voir «du concret». Hier, au campus d’Aboudaou, qui compte les deux tiers des effectifs estudiantins et le gros du système LMD, les pancartes trônant sur les murs à l’entrée du bloc abritant les départements de français, de tamazight, d’arabe et de sociologie revendiquent toutes plus qu’une simple annulation du décret. Il est exigé de meilleures conditions pédagogiques. Plus que cela, le mouvement de protestation tend à épouser une autre dimension avec l’entrée en lice des enseignants. Une réunion a regroupé représentants des étudiants et des enseignants pour discuter d’une action et d’une plateforme de revendications communes portant, entre autres, sur «la démocratisation de l’université algérienne». L’option est prise pour manifester à Béjaïa au cours de la semaine qui vient. Les enseignants, qui ont défendu «la valeur du diplôme de magistère», ont apporté leur soutien au mouvement estudiantin au même moment où ils ont observé un sit-in devant le campus de Targa Ouzemour pour dénoncer «le marasme dans lequel baigne toute la communauté universitaire». Un appel a été même lancé en direction des autres universités du pays pour faire de même et exiger une «gestion démocratique de l’université et une évaluation objective du système LMD». K. Medjdoub

Annaba. Nombre d’étudiants 50 000 – Début de la contestation début février : Reprise des cours dimanche

A l’annonce de l’abrogation du décret 10‑315, les étudiants de l’université Badji Mokhtar et ceux de l’Ecole préparatoire des sciences et techniques (EPST) de Annaba ont décidé de reprendre les cours dimanche prochain. Bien qu’ils ont eu écho des tergiversations de leurs pairs d’Alger, ils ont estimé néanmoins qu’ils ont perdu assez de temps. «La période consacrée à la grève va certainement avoir des conséquences sur notre emploi du temps et notre cursus», ont estimé plusieurs étudiants que nous avons contactés à l’université Badji Mokhtar. En substance, c’est le même avis qui a été annoncé par les 660 étudiants de l’Ecole préparatoire des sciences et techniques (EPST) en grève depuis le 3 février. «Nous estimons que l’abrogation du décret 10‑315 répond en majorité aux attentes de tous les étudiants. C’est pour cela que nous avons opté pour la reprise des cours dimanche prochain», expliquent les étudiants de l’école EPST de Annaba. M-F. G.

Sétif. Nombre d’étudiants plus de 52 000 – Début de la contestation début février : Les étudiants posent leurs conditions

Les décisions du dernier conseil du gouvernement ayant abrogé le décret n°10-315 n’ont pas atténué la mobilisation des étudiants de l’université Ferhat Abbas inscrits en magistère et doctorat : ils attendent du concret. «Les bonnes intentions et paroles, c’est bien, mais l’écrit c’est mieux. Nous ne baisserons pas la garde tant que le décret d’annulation du document n’est pas publié dans le Journal officiel. Nous n’avons pas le choix, car on nous a bernés par la passé», déclarent des étudiants de l’école doctorale. «Pour que les choses soient claires, notre action visant à défendre les intérêts d’une partie de la communauté universitaire, que certains bureaucrates ont tenté de la dévaloriser, n’a pas de connotation politique», martèlent nos interlocuteurs en contact permanent avec leurs camarades des autres campus du pays, via facebook. Ayant débrayé au début du mois de février, les universitaires de l’UFAS exigent, par ailleurs, l’ouverture d’un grand nombre de postes budgétaires pour les «maîtres-assistants de classe B», des spécialistes techniques. En plus des points précités, les universitaires  demandent des éclaircissements à propos du statut particulier des écoles doctorales, la revalorisation de leurs bourses d’études, ainsi que le recrutement des titulaires des diplômes de magistère et de doctorat en tant que chercheurs permanents au sein des unités de recherche nouvellement agrées. «De nombreux doctorants ont été exclus des projets par les premiers responsables de laboratoires et les chefs de projets alors que le décret exécutif n°10-231 est, en la matière, très clair», pointent les jeunes chercheurs, et d’ajouter : «Nous ne demandons pourtant pas la Lune, mais l’implication directe dans le recherche scientifique.» Kamel Beniaiche

Dossier réalisé par Nassima Oulebsir, Mélanie Matarese et nos correspondants


Le 22/02

La coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a éclaté.

La réunion de mardi 22 février vers 16 h par la création de deux entités distinctes.

Après des débats très houleux qui ont duré plus de trois heures, les membres de la CNCD ont décidé de se scinder en deux groupes.

La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), le SNAPAP, le CLA, le SATEF, le CNES, Algérie Pacifique ont décidé de créer la coordination de la société civile.

Les partis politiques, le RCD, le MDS, le PLD, quelques organisations estudiantines et Me Ali Yahia Abdenour,  ont décidé de maintenir leurs actions en appelant à une marche pour chaque samedi, de la place des Martyrs à celle du 1er Mai.

Rabah Beldjenna

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