Visite de François Hollande en Algérie

20 décembre 2012

Lu pour vous dans EL WATAN
Le 19 12 2012

Un nouveau chapitre, une phase historique dans les relations algéro-françaises
François Hollande aujourd’hui en Algérie : Leçons du passé, attentes pour l’avenir

Nous attendons de cette visite l’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations entre l’Algérie et la France, basées sur l’amitié et la coopération.

Paris.

De notre correspondante

 

Tout ce qui concerne l’histoire de l’Algérie pourrait se discuter, mais l’essentiel pour le moment c’est de se tourner vers le futur», a indiqué lundi soir le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, invité du journal de la nuit de France 3, alors que la présentatrice lui demandait quel geste fort l’Algérie attendait de François Hollande.
«N’est-il pas temps de faire du passé table rase et de faire de l’Algérie et de la France en Méditerranée ce que la France et l’Allemagne sont à l’Europe ?», enchaîne le journaliste politique de la chaîne.

«Je suis d’accord avec vous. Nous sommes dans une phase historique où nous sommes prêts à ouvrir un chapitre nouveau. Nous ne pouvons pas oublier notre passé. Tous les Algériens sont fiers de leur passé, de leur guerre de Libération nationale. Nous venons de fêter avec éclat le cinquantième anniversaire du recouvrement de l’indépendance nationale en toute sérénité», a répondu le Premier ministre algérien.

Et les journalistes d’insister : «Il n’y aura pas d’exigence de repentance de la part de la France lors de cette visite ? Vous ne demanderez pas cela à François Hollande ? «Ce n’est plus sur la table ?»
«Nous nous inscrivons dans une nouvelle phase historique», reprend le Premier ministre, M. Sellal. «On doit se remémorer notre passé, c’est une chose claire, nette et précise, mais l’essentiel c’est de construire l’avenir et c’est ce qui est le plus important. Il ne faut plus qu’on reste dans les concepts éculés, il nous faut construire et bâtir définitivement entre nos deux pays, puisque beaucoup de choses sont là, entre nous. Il faut absolument voir l’avenir, essayer d’avancer et c’est ce qui va se faire. Vous allez voir au moment de cette visite que le Président français sera très bien accueilli en Algérie, il aura en face de lui un peuple chaleureux, hospitalier, un Président sage et clairvoyant et nous allons essayer d’aboutir à un pacte d’amitié et de coopération qui va construire le futur. C’est cela l’essentiel de cette visite et c’est ce qu’il faut absolument retenir.»
Sur la question de la sécurité au Nord-Mali, «est-ce que vous pensez que la France et l’Algérie peuvent s’engager ensemble pour éradiquer le salafisme, tout ce terrorisme avec AQMI et épauler les forces panafricaines sur le terrain ?»

«Concernant la question du Sahel, nous sommes totalement d’accord sur le plan des objectifs avec la vision française. La question n’est pas là. Nous avons nos propres principes fondamentaux, on ne s’ingère pas et on ne pénètre pas dans un pays voisin ou dans un autre pays. Nous avons notre vision, qui est d’essayer par le dialogue d’isoler le mouvement nationaliste des mouvements terroristes, d’essayer de renforcer le pouvoir central au Mali, de régler aussi le problème humanitaire. Et alors, nous nous mettrons tous ensemble pour éradiquer les terroristes. Sachez que l’Algérie a pris ses responsabilités dans cette affaire.»
Et de rappeler qu’au moment de la décennie noire, l’Algérie était seule à lutter contre le terrorisme et ce n’est qu’après le 11 septembre 2001 que le monde entier a découvert ce fléau, alors qu’il était interrogé sur l’interruption du processus électoral en Algérie en 1991 et sur la poussée islamiste en Tunisie et en Egypte, 21 ans après, qui pourrait «inquiéter l’Algérie». Commentant l’avènement de ce qui a été qualifié de Printemps arabe, M. Sellal a estimé que «chaque peuple assume son destin» et aussi : «Nous sommes contents quand la démocratie s’installe. Je pense qu’il faut laisser un peu de temps au temps avant de trancher définitivement cette question.»

Nadjia Bouzeghrane

 

 

Lu pour vous dans EL WATAN
Le 20 12 2012

 

François Hollande : « Je connais les attentes du peuple algérien concernant la colonisation »

Pour sa première visite d’état en Algérie, le président français, François Hollande a accordé une interview exclusive à El Watan et El Khabar.
La reconnaissance des exactions commises lors des événements du 17 Octobre 1961 a été perçue par les Algériens comme un pas positif dans le sillage d’une réconciliation, mais a été jugée également insuffisante par rapport aux crimes commis pendant la période. Qu’allez-vous dire substantiellement lors de votre première visite en Algérie en tant que chef d’Etat ?

La répression sanglante de la manifestation du 17 Octobre 1961 à Paris n’avait jamais été reconnue par la République française. J’ai voulu le faire parce que je suis convaincu qu’un regard lucide sur l’histoire est nécessaire à la construction de l’avenir. Je connais les attentes du peuple algérien à l’égard de la France en ce qui concerne la colonisation et je partage pleinement la volonté, exprimée le 8 mai dernier par le président Bouteflika, d’avoir une lecture objective de l’histoire pour parvenir enfin à dépasser les séquelles d’un passé douloureux. Je souhaite que ma visite d’Etat en Algérie soit l’occasion d’avancer dans ce sens, de franchir une étape dans la relation entre nos deux pays. Le moment est venu, en cette année du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. J’aurai l’occasion de m’exprimer devant les représentants du peuple algérien au cours de ma visite. J’aborderai la question de la mémoire avec lucidité et responsabilité. Nous le devons aux victimes, à toutes les victimes et au peuple algérien. Nous le devons à la France. Nous le devons à l’Algérie.

Vous préconisez, Monsieur le Président, un partenariat privilégié d’égal à égal avec l’Algérie. Quels sont ses fondements, ses modalités, son contenu ?

Le principe de ce partenariat, c’est l’égalité. La France et l’Algérie sont deux grands pays, des acteurs essentiels dans la région et qui comptent dans le monde. Notre relation doit correspondre à l’intensité des liens qui unissent nos peuples et aux défis auxquels nous avons à faire face ensemble. Notre partenariat accordera une place importante à la jeunesse, qui est notre chance et notre avenir.
C’est l’objet de la déclaration politique que je signerai avec le président Bouteflika. Elle fixe quatre priorités. Le dialogue politique, qui passera par la création d’un comité intergouvernemental de haut niveau, présidé par les Premiers ministres et dont la première réunion sera organisée au cours de l’année 2013. Les échanges humains, ensuite : nous aurons à cœur de favoriser le plus largement possible la mobilité entre nos deux pays. Le troisième enjeu est celui de la culture et de l’éducation, qui fera l’objet d’un document cadre pour les cinq années à venir. Enfin, les relations économiques avec l’adoption d’un partenariat industriel et technologique, pour favoriser l’investissement, la création d’emplois et les transferts de technologie.

La dimension humaine de la relation bilatérale franco-algérienne est très importante et très dense, impliquant des individus, des familles, des associations de la société civile. Que proposez-vous pour qu’ils puissent circuler sans entraves entre les deux pays ?

La circulation des personnes doit être facilitée dans le respect de nos législations respectives et de nos engagements internationaux. Des progrès ont d’ores et déjà été enregistrés. Près de 200 000 Algériens reçoivent chaque année un visa dans nos consulats. Le taux de délivrance des visas par la France augmente et atteint près de 75%, alors même que les demandes sont en hausse. Nous avons mis un terme au projet envisagé par le gouvernement précédent de prélever une taxe d’entrée sur le territoire français au moment de la demande, en plus du prix du visa lui-même. Nous allons encore prendre des mesures pour faciliter l’accueil des demandeurs pour que les documents soient délivrés plus vite par nos consulats. Nous attendons aussi de l’Algérie qu’elle prenne des engagements pour faciliter les démarches des Français qui souhaitent se rendre sur son territoire. La mobilité entre nos deux peuples est une richesse, une question de respect et d’intérêt mutuel.

Les Français d’origine algérienne sont très nombreux (plus de trois millions). Comment faire pour que cette population soit un levier du partenariat bilatéral au bénéfice mutuel des deux pays ?

Mes concitoyens d’origine algérienne représentent, par leur travail, leur talent et leur pleine intégration, une richesse pour la France. Ils sont aussi des acteurs de la relation entre nos deux pays. Des dizaines de milliers de familles françaises, algériennes ou franco-algériennes, franchissent aussi la Méditerranée tous les ans dans les deux sens.
Je suis heureux d’être accompagné dans cette visite par de très nombreuses personnalités économiques, culturelles ou artistiques, qui ont des liens étroits avec l’Algérie. Notre partenariat n’est pas seulement un accord entre gouvernements, mais un lien entre nos deux sociétés pour développer des projets concrets au bénéfice des Français comme des Algériens. A nous de faire en sorte que ce soit le cas en mettant au cœur de notre relation la formation, l’emploi, la culture. C’est le sens du soutien qu’apporte la France à la création d’instituts d’enseignement supérieur technologique en Algérie, dont l’objet est de favoriser la formation professionnelle, et donc l’emploi des jeunes Algériens.

Les autorités algériennes ont entamé un processus de réformes politiques au lendemain de ce qui est communément appelé «le printemps arabe». Pensez-vous que ce qui a été entrepris est suffisant pour faire valoir une démocratisation dans le pays ou d’autres efforts sont-ils requis pour être en adéquation avec les aspirations du peuple algérien et de sa jeunesse notamment ?

La Méditerranée connaît des bouleversements profonds dont il est encore difficile de mesurer toutes les conséquences. Ils montrent combien l’aspiration à la liberté et à la justice est universelle. Ils sont aussi porteurs d’incertitudes. L’Algérie a suivi, depuis 1989, une trajectoire très différente de ses voisins et en retire une expérience qui ne saurait être comparée à aucun autre pays. Il y a aussi, en Algérie comme ailleurs, une aspiration à un mieux-vivre et à une plus grande participation de la société à la vie démocratique et sociale. Le président Bouteflika a annoncé, en avril 2011, une série de réformes qui doivent conduire à une révision de la Constitution dans le sens d’un renforcement de la démocratie. C’est aux Algériens, et à eux seuls, qu’il appartiendra d’en juger.

La France a perdu du terrain au niveau économique, les entreprises françaises hésitant à investir en Algérie. Du côté algérien, les autorités s’attellent à améliorer le climat d’affaires. Les intérêts des deux pays n’imposent-ils pas une impulsion plus forte dans ce domaine ?

La France, par ses entreprises, est le premier investisseur étranger en Algérie si l’on met de côté le secteur, très particulier, des hydrocarbures. 450 entreprises françaises sont implantées en Algérie. La France est aussi l’un des tout premiers partenaires commerciaux de l’Algérie dont elle est le premier fournisseur et le quatrième client. Nos relations économiques sont donc solides. Mais nous pouvons faire plus et mieux encore. C’est le message que je délivrerai jeudi matin, lors des rencontres économiques franco-algériennes. Je souhaite que cette visite soit l’occasion de sceller un partenariat industriel et technologique, pour stimuler la croissance économique dans nos deux pays, créer des emplois et nous engager ensemble en direction de nouveaux marchés.
L’usine Renault qui sera construite à Oran et dont cette visite a permis de finaliser le projet constitue un exemple emblématique, puisqu’elle doit permettre de produire davantage en Algérie, d’opérer un transfert de savoir-faire au profit de ce pays et d’y créer des emplois sans pour autant en supprimer en France. La co-localisation des activités de production est aussi une voie à explorer pour donner une nouvelle impulsion à nos relations économiques. Elle permet d’associer au mieux les compétences disponibles au sein de nos entreprises et de créer des emplois dans nos deux pays.

La position française favorable au Maroc sur le Sahara occidental est incomprise. La France ne devrait-elle pas avoir une attitude plus équilibrée sur cette question pour pouvoir influer sur le règlement de ce qui reste le dernier cas de décolonisation en Afrique ?

La France est pleinement consciente de l’enjeu que représente la question sahraouie pour les populations concernées, pour le Maroc et pour l’Algérie. Elle soutient une solution négociée et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions et paramètres clairement définis par le Conseil de sécurité, le réalisme et l’esprit de compromis doivent permettre de parvenir à une solution politique à ce différend qui n’a que trop duré. La France est disponible pour aider les parties à progresser vers une solution.

Le phénomène du terrorisme est devenu endémique, au point de représenter un danger réel pour les pays de la région. Quelle perception avez-vous de l’émergence d’AQMI et de ses ramifications, comme le Mujao, au Sahel ? Que préconise la France comme solution pour enrayer ledit phénomène ? Pensez-vous que l’option militaire à elle seule soit à même de résoudre le problème au Mali, sans risque d’atomiser la région ? Comment percevez-vous le rôle de l’Algérie dans le traitement du dossier du Mali et qu’en est-il des divergences entre Paris et Alger concernant les voies et moyens qui devraient être mis en œuvre pour éviter l’escalade militaire, ainsi que sur la problématique du payement de rançons ?

Il existe un consensus international exprimé par les résolutions du Conseil de sécurité pour lutter contre le terrorisme au Sahel et aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale. L’occupation du Nord-Mali par des groupes terroristes est une menace pour la région et pour la communauté internationale. Ce sont les autorités maliennes, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui ont demandé aux Nations unies de les aider à mettre un terme à cette situation inacceptable. La France et l’Algérie – dont je n’oublie pas qu’elle a été une victime du terrorisme – s’inscrivent dans ce consensus qui, seul, permettra de ramener la paix au Sahel. Nos deux pays s’entendent sur la poursuite d’une double approche, à la fois politique et sécuritaire, de cette crise. Nous devons renforcer notre dialogue sur les questions internationales et régionales, y compris, naturellement, sur la situation au Sahel et sur la crise malienne.

Les échanges culturels entre les deux pays ont beaucoup régressé si l’on se réfère aux années 1970-1980. Quelles sont les initiatives à engager pour les promouvoir de nouveau ?

Les échanges culturels entre la France et l’Algérie sont d’ores et déjà très denses. L’Algérie est le deuxième pays s’exprimant en français dans le monde. Cet attachement à la diversité culturelle et linguistique est une force pour notre relation. Nous devons développer l’enseignement du français en Algérie, comme l’enseignement de l’arabe en France.
Je me réjouis aussi du dynamisme du réseau culturel français en Algérie dont témoigne la création, en 2012, de l’Institut français d’Algérie. Nous devons aller plus loin car les échanges culturels sont essentiels au rapprochement de nos peuples. L’année 2013 nous en donnera l’occasion puisque Marseille, cette ville si liée à l’Algérie, sera la capitale européenne de la culture. Je souhaite que l’Algérie participe pleinement à cet événement important pour la France, pour l’Europe et pour la Méditerranée.

Nadjia Bouzeghrane, Slimane Hammiche et Hafid Soualili

 

 

Lu pour vous dans EL WATAN
Le 20 12 2012

Annonces du chef de l’état français en visite en Algérie
«Une déclaration d’amitié et un document-cadre de partenariat»

Le nouveau locataire de l’Elysée cherche visiblement à éviter de bâtir les relations algéro-françaises sur les décombres du projet de Traité d’amitié auquel Jacques Chirac avait appelé de ses vœux en 2003.

François Hollande a ramené dans ses bagages «une déclaration d’amitié et un document-cadre de partenariat» qui vont baliser le futur immédiat des relations. «C’était la meilleure formule (…). Ce document sera suivi d’un autre, qui est le document-cadre du partenariat et qui est un programme de travail sur cinq ans dans les domaines économique, financier, culturel, agricole et même de défense», a expliqué le chef de l’Etat français, qui a plaidé, hier à Alger, pour un «partenariat stratégique d’égal à égal» entre l’Algérie et la France. «Il ne s’agit pas de nommer les mots mais les actions», a-t-il souligné comme pour mieux justifier ce choix par rapport au projet de traité d’amitié aujourd’hui enterré. «Nous sommes pour un partenariat stratégique d’égal à égal avec l’Algérie pour entrer dans une nouvelle ère», a-t-il déclaré hier, au premier jour de sa visite en Algérie.
Ce voyage, a-t-il plaidé, était «nécessaire» et marque «le temps d’un nouvel âge» entre les deux pays, 50 ans après l’indépendance algérienne. «Ce voyage attendu, espéré, redouté, je ne sais comment il faut l’appeler. Ce voyage était nécessaire, il vient comme un aboutissement, mais aussi comme le temps d’un nouvel âge que je veux engager entre la France et l’Algérie, 50 ans après», a poursuivi le chef de l’Etat français. Il s’agit en effet, a-t-il plaidé, de non seulement «tourner une page» mais que «nous puissions en écrire tellement d’autres». Le locataire de l’Elysée n’a pas souhaité s’enliser dans des diatribes habituelles sur les questions de la mémoire qui ont tant contribué à embrouiller les perspectives des relations entre les deux pays. Pour lui, «il y a une vérité à dire sur le passé et il y a surtout une volonté à prononcer pour l’avenir».
«J’ai toujours été clair sur cette question, la vérité sur le passé, la colonisation, la guerre avec ses drames, ses tragédies et ses mémoires» doit être établie, a-t-il indiqué. Il a, par la même occasion, fait part de sa volonté de faire en sorte que le passé «ne nous empêche pas de travailler pour l’avenir». F. Hollande a confirmé que les Accords de 1968 ne subiront pas de changement. Selon lui, ce sont de «bons accords». Interrogé sur la question relative à l’enquête sur l’assassinat, en 1996, des sept moines de Tibehirine, il a affirmé avoir évoqué ce sujet avec le président Bouteflika. «Le président Bouteflika – mais vous l’interrogerez – m’a dit qu’il avait donné toutes instructions, autant qu’il est possible, à la justice, pour aller jusqu’au bout de l’enquête», a-t-il déclaré. Répondant à une question sur la possibilité, pour le juge d’instruction français Marc Trévidic, de se rendre en Algérie, il dira qu’«il y a une enquête» et que «c’est à la justice algérienne, avec la justice française, de faire toute la lumière sur ce qui s’est produit».
Au sujet du Mali, il a affirmé que les deux pays sont «en convergence» pour que ce pays puisse «recouvrer son intégrité territoriale» par la voie de la négociation, mais sans la mouvance terroriste. «Lui et moi pensons qu’il convient de faire du dialogue politique, de faire tout pour qu’une négociation puisse permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale», a souligné M. Hollande lors de la conférence de presse. Mais ce processus doit avoir lieu «uniquement avec les mouvements ou les forces qui se séparent du terrorisme, voire luttent directement contre le terrorisme», a-t-il dit. «Aujourd’hui, un terrorisme s’est installé au Mali, pas qu’au Mali. Et avec une confusion avec les trafics de drogue et les trafics d’armes.»

Bouteflika invité pour une visite d’Etat en France :
Le président français François Hollande a affirmé avoir invité, hier, Abdelaziz Bouteflika, à venir en «visite d’Etat» en France. «J’ai invité le président Bouteflika à venir en France pour une visite d’Etat au moment où il lui paraîtra possible de le faire. A ce moment-là, il aura aussi à s’adresser à la France», a-t-il déclaré.
« L’usine Renault, pas seulement pour l’Algérie» :
Le président français François Hollande a confirmé, hier à Alger, la signature d’un accord entre l’Algérie et le groupe Renault pour la création d’une société commune qui sera chargée de la construction d’une usine de voitures du groupe à Oran : «Des annonces très fortes seront faites, dont la décision de Renault d’ouvrir une usine pour construire des automobiles» non seulement pour le marché algérien, mais pour tout le continent.
Pour le président français, ce projet témoigne «de la volonté de coproduction entre l’Algérie et la France». «Un beau projet pour l’Algérie, pour la France et pour Renault», a-t-il dit.
Un pacte d’actionnaire sera signé à l’occasion du déplacement de M. Hollande, après deux ans d’âpres discussions entre l’Algérie et le groupe Renault. C’est dans la zone industrielle de Oued Tlelat, près d’Oran, que le projet a atterri et où 25 000 véhicules par an dans un premier temps et 75 000 unités trois années après le début de la production seront fabriqués.
L’usine produira avec un taux d’intégration de la production nationale de 20% à 25% dans une première étape, qui pourrait passer à 60% avec l’intégration des segments pneumatiques et vitrage. Cette unité sera détenue à 51% par l’Etat algérien, le constructeur français détenant les 49% restants. Le coût global du projet est d’environ un milliard d’euros.

Ali Benyahia

 

 

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Le 20 12 2012

Hollande à Tlemcen: « Les logements d’abord, les applaudissements après »

Au-delà de la curiosité que suscite cette visite du président français, les habitants dans leur majorité, se disent ne pas être vraiment concernés. »Il y a huit ans que nous attendons la distribution des logements, pourtant prêts, mais les autorités continuent de négliger les doléances de la population. Alors, on ne voit pas pourquoi aujourd’hui, on nous sollicite pour sortir accueillir les deux chefs d’Etat »
D’autre part, Tlemcen, en l’espace d’une quinzaine de jours, n’a jamais autant été cadenassée, sécuritairement parlant, tant la ville grouille d’agents de sécurité en uniforme et en civil. Le citoyen lambda, quoique habitué à ces manèges, au vu de toutes les manifestations internationales qu’elle a abritées ces derniers temps, ressent une certaine « panique »
Pour illustrer cette situation kafkaïenne, un habitant caricature « C’est la première fois de ma vie que je vois plus d’hommes à l’oreillette que de platanes. Je ne vous cache pas que, depuis trois jours surtout, je me surprends de marcher sur la pointe des pieds; c’est comme si j’étais soupçonné de trouble à l’ordre public ou quoi que ce soit, mais, cela est un sentiment seulement… » tient-il à préciser. « Quand on voit que même les feuilles d’arbres ont été repeints, l’on se dit que les choses ne tournent pas rond « .
C’est dire que les us des Tlemceniens sont bousculés.
Ici, le choix de Tlemcen, comme escale pour le chef de l’Etat français, est différemment interprété: M. Hollande a un oncle dans l’ancien quartier de R’hiba, la tombe de la plus célèbre figure du judaïsme en Algérie, le rabbin Ephraim Enkaoua y est pour quelque chose, François viendra se recueillir sur la sépulture de Messali Hadj, ou encore rendre un hommage à feu Ben Bella… non, c’est la wilaya du président Bouteflika tout simplement…. Et, et, et…
Toujours est-il qu’à Tlemcen, les écoliers ont pris leurs vacances avant tous leurs camarades d’Algérie, les étudiants ont été priés de quitter leurs cités pour être transférés dans des bus à Maghnia, pour beaucoup d’entre eux.
Mais, malgré les opinions différentes sur cette visite qui a signé le branle bas de combat des autorités locales avec un zèle surdimensionné, la population ne comprend pas qu’elle soit soumise à un régime exceptionnel où il n’est pas évident de circuler comme elle a l’habitude de le faire, d’être contrainte de reporter ses activités (avec l’administration) jusqu’après la visite.
A l’entrée de la ville, à Bab Wahran, Les portraits des deux présidents sont bien mis en valeur, cote à cote, les emblèmes des deux pays sont partout. Enfin, sur l’itinéraire que parcourra Bouteflika et Hollande. La cité des Zianides vit des moments surréalistes…
Chahredine Berriah

 

 

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Le 20 12 2012
Le président Hollande reconnaît un système colonial « brutal et profondément injuste »

Le président français, François Hollande, a reconnu jeudi à Alger un système colonial « brutal, destructeur et profondément injuste » infligé aux Algériens durant 132 ans de colonisation.
« Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise à un système profondément injuste, brutal et destructeur. Rien ne peut justifier les agressions commises contre la population algérienne, la négation de son identité et de son aspiration à vivre libre » », a-t-il affirmé dans un discours qu’il a prononcé devant les membres des deux chambres du Parlement algérien, au Palais des nations (Alger), au second jour de sa visite d’Etat en Algérie.
« Je reconnais ici les souffrances que le système colonial français a infligées au peuple algérien. Parmi ces souffrances, les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata qui demeurent profondément ancrés dans la mémoire et dans la conscience des Algériens », a-t-il souligné.
François Hollande, a affirmé que toute la vérité doit « être dite » sur la colonisation. « L’amitié entre l’Algérie et la France doit s’appuyer sur un socle et ce socle, c’est la vérité », a-t-il indiqué. « La vérité, même si elle est douloureuse, doit être dite et nous la devons à notre jeunesse qui veut construire l’avenir », a-t-il ajouté.

 

Il promet d' »accueillir mieux » les Algériens demandeurs de visas
Le président François Hollande a par ailleurs promis d' »accueillir mieux » les Algériens demandant des visas pour se rendre en France, et de faire en sorte que les consulats français délivrent plus vite les documents.
Il est nécessaire de « maîtriser les flux migratoires » mais la demande de visas « ne doit pas se transformer en un parcours d’obstacles ou pire encore une humiliation », a-t-il déclaré.
Dans l’intérêt des deux pays, a dit le président français, « nous devons maîtriser les flux migratoires », mais aussi permettre aux jeunes Algériens de circuler. « Nous ne devons pas faire de la demande d’un visa un parcours d’obstacles, ou pire encore une humiliation, au contraire nous avons besoin que se poursuivent et même s’amplifient les allers-retours des étudiants, des entrepreneurs, des artistes, des familles, bref tous ceux qui animent la relation » entre la France et l’Algérie.
« Nous allons rester dans l’accord de 1968, mais nous prendrons toutes les mesures nécessaire pour accueillir mieux les demandeurs de visa et pour que les documents soient délivrés plus vite par nos consulats. C’est une affaire de respect et d’intérêt mutuel », a souligné François Hollande, rappelant que « près de 200.000 Algériens reçoivent chaque année un visa dans nos consulats ». « Dans le même temps, a encore dit le président français, nous attendons de l’Algérie qu’elle ouvre plus largement ses portes aux Français qui souhaitent se rendre sur votre territoire parce qu’ils y ont des souvenirs, des attaches familiales, affectives ou des projets professionnels ou personnels à réaliser ».
Mercredi, au premier jour de sa visite d’Etat en Algérie, M. Hollande avait indiqué que l’accord de 1968 relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des Algériens en France ne serait pas révisé mais que sa mise en oeuvre serait « améliorée » pour répondre aux principes de « dignité et de considération ». « Le réviser pour être plus restrictif, ce n’est pas la position de l’Algérie. Le réviser pour être plus ouvert, ce n’était pas forcément la position de la France », avait-il précisé.
Avant de faire part de la décision des deux ministres de l’Intérieur d' »aller plus vite, être plus respectueux, traiter avec toute la diligence nécessaire sur le plan administratif dans les consulats les demandes de visas ». « Ce qui est insupportable, c’est d’attendre trop longtemps ou ne pas pouvoir, pour de brefs séjours, avoir le visa qui permet juste de faire un spectacle, un film ou une recherche de stage », avait-il dit aussi.
R.B et Agences

 

 

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Le 20 12 2012

Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre la France et l’Algérie

 

Préambule

 

La France et l’Algérie sont déterminées à ouvrir un nouveau chapitre de leurs relations, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie. Les deux parties partagent une longue histoire et son passé a longtemps alimenté entre nous des conflits mémoriels auxquels il est nécessaire de mettre un terme. Elles doivent pour cela regarder le passé en face, ensemble, avec lucidité et objectivité, tout en recherchant une voie originale permettant une lecture objective de l’histoire.
La France et l’Algérie ont noué des liens humains, affectifs et culturels d’une exceptionnelle intensité dans tous les domaines.
Le moment est maintenant venu de donner à ces liens une impulsion puissante pour porter ces relations à un niveau conforme à leur potentiel et aux aspirations de leur peuple.
L’une et l’autre entendent jouer un rôle exceptionnel dans la construction dans un espace euro-méditerranéen de paix et de sécurité, démocratie, de justice et de liberté, de développement et de prospérité. Les deux parties ont décidé de développer un partenariat exemplaire et ambitieux, fondé sur l’égalité, le respect mutuel, l’équilibre des intérêts et la solidarité.
Ce partenariat stratégique devra inclure toutes les dimensions de notre relation et avoir vocation à se développer rapidement dans tous les domaines.

I Dialogue politique

La France et l’Algérie souhaitent trouver ensemble des réponses adaptées aux défis d’un monde aux profondes mutations. Elles considèrent qu’elles ont, chacun, des atouts qu’elles peuvent valoriser dans le cadre d’un dialogue politique confiant et approfondi.
Elles décident, en conséquence, de renforcer leurs échanges à haut niveau sur les questions internationales et régionales d’intérêt commun et pour assurer le suivi de la relation bilatérale dans tous les aspects. Dans cette Perspective, il est mis en place un «comité intergouvernemental de haut niveau» présidé par les deux Premiers ministres. Ce comité tiendra sa première réunion en 2013. Il se réunira en suite à intervalle régulier selon des modalités qui seront définies ultérieurement.

II La dimension humaine

Les échanges humains qui témoignent des liens étroits entre les deux pays représentent une richesse incomparable pour chacun d’eux. La France et l’Algérie conviennent de favoriser le plus largement possible la mobilité de leurs ressortissants entre les deux pays. Les efforts engagés à cet effet donneront lieu à une concertation régulière au niveau diplomatique et consulaire. La France et l’Algérie s’efforceront, par ailleurs, de répondre aux préoccupations exprimées par l’une des parties en ce qui concerne l’entrée et le séjour de ses ressortissants sur le territoire de l’autre ainsi que le respect de leurs droits. Dans ce contexte, la France réitère toute l’importance qu’elle accorde à la communauté algérienne établie en France qui a toute sa place dans la société française, à la prospérité de laquelle elle contribue activement.

III Culture et éducation

La France et l’Algérie ont développé au fil des ans une coopération étroite dans de nombreux domaines. Soucieux de poursuivre ces échanges et de les intensifier, les deux parties ont élaboré conjointement un document définissant les axes de leur coopération pour la période 2013-2017.
Dans ce cadre, les deux parties souhaitent donner une large priorité à l’éducation et à la formation. Elles ont décidé de donner une dimension prépondérante à la formation professionnelle des jeunes dans le nouveau document cadre de partenariat.
Les deux parties conviennent de donner une impulsion significative à leurs relations et aux échanges culturels par la conclusion d’accords dans ce domaine et de faciliter chacune les activités des établissements éducatifs et culturels de l’autre sur son territoire. Les deux parties décident de mettre en place toutes les facilités tendant à promouvoir et à encourager les initiatives permettant une meilleure connaissance réciproque de leurs jeunesses, en réponse à leurs attentes.

IV Coopération économique

Les deux parties donneront un nouvel élan à leurs relations économiques. Dans ce but, elles entendent favoriser une relance équilibrée de leurs échanges et encourager le développement des investissements entre les entreprises. Leurs économies doivent relever le défi de redressement productif et de la mondialisation. Elles présentent en outre de nombreux éléments de complémentarité. Fortes de ce constat, les deux parties entendent valoriser leurs atouts et développer une stratégie visant à promouvoir le partenariat industriel entre opérateurs algériens et français. Cette stratégie devrait être mutuellement bénéfique et se traduire par le développement de l’investissement et la préservation ou la création d’emploi sur le territoire de chacune des parties ainsi que par des transferts de compétences et de technologies. Les opérateurs économiques seront étroitement associés à sa définition et au suivi de sa mise en œuvre. En cette fin, elles ont décidé d’adopter une déclaration conjointe pour un partenariat industriel et productif. Un comité mixte de suivi de la relation économique bilatéral sera institué. Placé sous l’autorité des ministres désignés à cet effet, il présentera régulièrement un rapport aux deux gouvernements sur l’état de cette relation et formulera à leur intention des recommandations en vue de son développement.

Signé :  François Hollande  et  Abdelaziz Bouteflika

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