Algérie, une seconde révolution? (12)

13 mars 2011

Lu pour vous dans EL WATAN

le 16.03.11

Démonstration de force de la coordination autonome (CNAE)

5000 étudiants ont marché hier à Ben Aknoun

Les étudiants ont battu le pavé en marchant hier à Alger. Après la tenue d’un imposant sit-in devant le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, quelque 5000 étudiants, venus des quatre coins du pays, ont improvisé une marche de plusieurs centaines de mètres. Les membres de la Coordination nationale autonome des étudiants (CNAE), qui ont appelé à cette action, ont fait ainsi une vraie démonstration de force et montré un grand sens de responsabilité.

Ces contestataires ont tenu leur rassemblement, conclu par une marche dans le calme, refusant de répondre aux intimidations et provocations qui ne manquaient pas, hélas. Tôt le matin, et durant plus de trois heures, les étudiants ont pris la parole, à tour de rôle, pour exprimer leur refus de rejoindre les salles des cours tant que la tutelle continue à faire la sourde oreille sur leurs revendications. Les protestataires ont lancé haut et fort des slogans hostiles au département de Rachid Harraoubia : «Non au mépris de l’étudiant», «Non à l’humiliation» ou encore «Nous voulons une université de qualité».

Toutes les pancartes brandies par les protestataires vont dans ce sens : «Oui pour la démocratisation de l’université», «Etudiants solidaires», «Classique et LMD, une seule voix» etc. Les étudiants n’ont économisé aucun effort pour défendre leur plateforme de revendications, forte de 23 points, répartis en deux volets pédagogique et social. «Nous refusons la fuite en avant du ministère et ses manipulations concernant les conférences de dialogue. La seule et unique sortie de crise est la soumission de la tutelle aux revendications légitimes des étudiants», a déclaré Farid, étudiant à Bouzaréah. «Nous demandons que, dorénavant, toutes les directions hiérarchiques universitaires soient élues par les étudiants, à commencer par les recteurs. C’est la seule solution pour garantir les intérêts des étudiants et résoudre leurs problèmes», a-t-il ajouté.

Parmi les doléances énumérées par les étudiants révoltés, on peut citer la revalorisation des diplômes des deux systèmes, revoir la politique de recrutement des nouveaux diplômés, réglementer l’accès aux postes de graduation pour éviter les fraudes, augmenter la valeur de la bourse des étudiants, améliorer les services des œuvres universitaires, la dissolution de toutes les organisations estudiantines et reconnaître les comités autonomes élus par les étudiants. A la fin du rassemblement et sous l’œil vigilant d’un important dispositif sécuritaire, les étudiants ont improvisé une marche à partir du siège du ministère jusqu’à la rue Doudou Mokhtar, en scandant l’hymne national. Les contestataires se sont ensuite dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous prochainement.

Samir Ghezlaoui

Dans El Watan de ce jour 16/03/2011.

Abdelhamid Mehri : « Ni Aït Ahmed ni moi ne viendrons au secours du système »

Presque un mois après avoir lancé son initiative pour le changement du régime, Abdelhamid Mehri est revenu à la charge pour apporter quelques clarifications sur le débat et la «polémique» suscités par la lettre qu’il a adressée au chef de l’Etat. D’emblée, l’ancien secrétaire général du FLN dément les informations selon lesquelles il aurait rencontré Abdelaziz Bouteflika dans le sillage de son initiative. «Je n’ai pas rencontré Bouteflika. Si je viens à le faire, cela se fera en plein jour et publiquement», a précisé Mehri, à l’occasion d’une conférence de presse qu’il a animée, hier, au siège du FFS à Alger. Autre clarification apportée par Mehri est liée à une éventuelle «alliance entre lui et le leader du FFS, Hocine Aït Ahmed» pour venir au secours du chef de l’Etat, comme cela a été rapporté dans les milieux médiatiques. «C’est une comédie. Cette analyse est totalement fausse», a déclaré Abdelhamid Mehri.

«Ce n’est ni moi ni Aït Ahmed qui allons sauver le régime», a-t-il fait savoir, non sans rappeler ses positions antérieures. «Je tiens à ce que mes positions soient claires et publiques. Je crois que les questions d’intérêt général n’ont pas de secret et se règlent devant l’opinion publique», a encore ajouté le conférencier. Sur sa lancée et en vieux routier de la vie politique, Abdelhamid Mehri a pris le soin de rappeler que «l’exigence du changement n’est pas une accusation portée contre une personne ou une institution ou plutôt des règlements de comptes avec quiconque. Le changement du système, du pouvoir, est une grande responsabilité nationale. Il s’agit par contre d’avoir une approche globale et profonde de la situation loin des surenchères ou des complaisances». Interrogé sur les échos politiques qu’a suscités sa démarche pour le changement du régime politique contenue dans la lettre adressée aux décideurs, le 19 février dernier, Abdelhamid Mehri a affirmé que «pour le moment, il n’y a pas de signaux visibles en réaction au contenu de la lettre. Cette initiative a tenté de rassembler des idées proposées sur la scène».

La seule réponse notable à la démarche de Mehri est celle du chef historique du FFS, Hocine Aït Ahmed. «Bien évidement, j’ai noté avec une grande fierté le soutien du frère Hocine Aït Ahmed», a souligné l’ancien secrétaire général du FLN. S’agissant de l’appréciation réservée à sa démarche par les tenants du pouvoir, Abdelhamid Mehri a tenu à souligner que le sentiment et la nécessité du changement du système politique existent partout, même au sein du pouvoir. «Le sentiment du changement est général et il existe aussi chez des frères au pouvoir. Cependant, il y a des différences de points de vue et d’approches comme c’est le cas chez l’opposition par ailleurs», a-t-il estimé. En effet, qui sont ces courants favorables au changement au sein du régime ? Y a-t-il des divergences entre les différentes composantes de ce même régime ? Pour étayer son propos, le conférencier s’appuie sur les propositions faites notamment par le MSP et les déclarations de l’actuel secrétaire général du parti du FLN, Abdelaziz Belkhadem.

«Ce sont des indices de l’acceptation de l’idée du changement», a noté Mehri. Fidèle à son analyse sur le système politique algérien, qu’il connaît parfaitement par ailleurs, Abdelhamid Mehri a refusé de parler en termes de clans. «Le système du pouvoir contient effectivement plusieurs fractions, l’armée, la Présidence, mais je dis que ce système n’est plus valable pour diriger le pays.» Et d’ajouter : «Le débat sur l’armée, Bouteflika ou les équilibres entre eux ne m’intéresse pas. Parce que cela reviendrait à rentrer dans la logique du système, alors que nous voulons un changement radical. Et il ne suffit pas de changer les personnes pour que le régime change», a jugé le conférencier, en faisant le parallèle avec l’exemple de Chadli Benjdid en 1992 dont le départ n’a pas forcément entraîné le changement du régime politique. «Certains veulent justement nous faire vendre cette recette maintenant de changer les personnes.  Le changement du système passe nécessairement par le changement des fondements de gouvernance», a-t-il noté. En somme, la sortie médiatique de l’ancien patron du FLN permettrait sans doute d’aider à éclairer une démarche de changement du système dans un champ politique confus.

Hacen Ouali


Lu pour vous dans EL WATAN


le 13.03.11

Alger : Sit-in lundi des étudiants devant la Présidence de la République

Le comité autonome des étudiants de l’École nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (ENSSEA) organisera demain, lundi, à 10 H 30, un sit-in devant la Présidence de la République à El-Mouradia, sur les hauteurs d’Alger. Les étudiants de l’ENSSEA envisagent également de transmettre une lettre ouverte au Président de la République à la fin de ce sit-in.

Les étudiants des Ecoles Supérieures ne reconnaissent plus l’autorité du ministre de l’Enseignement Supérieur, Rachid Harraoubia. Désormais, ils interpellent directement le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au sujet de leur mouvement de protestation qui a embrasé les campus à travers tout le pays.

Pour ce faire, les étudiants de l’ENSSEA ont appelé à tenir lundi un sit-in devant le palais d’El-Mouradia. « Nous allons nous rassembler pacifiquement pour que le Chef de l’Etat comprenne que notre colère est authentique et notre détresse bien réelle. Notre révolte est pacifique et il doit écouter notre cri de désespoir », expliquent, à ce sujet, à elwatan.com des membres du comité autonome des étudiants de l’ENSSEA.

Et en dépit de la menace de répression que font peser les services de sécurité sur chaque manifestation dans la Capitale, les étudiants assurent qu’ils sont déterminés à tenir ce sit-in « quoi qu’il en coûte », signalent-ils. « Nous voulons déposer une lettre ouverte à l’attention du Président de la République. Nous n’allons pas chercher la confrontation. Nous ferons donc de notre mieux pour que notre sit-in se déroule dans le calme et la sérénité », confie à ce propos Ghilès, délégué d’étudiants à l’ENSSEA.

Dans cette lettre ouverte à Abdelaziz Bouteflika, les étudiants dressent un état des lieux général de la situation alarmante de leur université. Inquiets pour leur avenir, les étudiants demandent l’intervention du premier magistrat du pays pour adopter les mesures nécessaires à la satisfaction de leurs revendications.

Abderrahmane Semmar

Previous post:

Next post: