une lumière dans la nuit (13)

9 mai 2015

 

 

Si vous n’avez pas prévu un voyage  en Algérie dans les prochaines semaines,

Courez donc voir le film « les terrasses » de Merzak Allouache qui vient de sortir sur les écrans!

Rire et larmes assurés !

 au rythme des cinq prières introduisant les cinq actes d’une tragédie de la vie comme elle va, c’est une journée dans la vie d’Alger depuis les bruits de la rue jusqu’aux chants des terrasses d’où l’on voit,   au delà des murs rafistolés ,  des paraboles rouillées et des nuées de fils , la mer,   » la mer  sans fin toujours recommencée ».

 

Le montage en « short cut » de scènes chaque fois menées par un personnage fort nous fait passer sans transition du roman noir au documentaire, de la tragédie à la comédie pour épingler toutes les hypocrisies d’une société où , sous le totem du nom d’Allah,  triomphe chaque jour la loi du plus fort. 

 

De la silhouette sombre du mafieux qui torture son frère à mort pour le forcer à signer un contrat léonin

à la jeune chanteuse riche et légère qui soudain vire de bord pour clamer sa solidarité avec une femme battue,

 

De la grand-mère qui défend bec et ongles le territoire de sa famille naufragée

à la fillette qui rêve de venger le vieux moudjahidine trahi par les siens ,

 

de l’alcolo qui essaie de tirer son épingle du jeu en squattant les biens mal acquis lors de l’indépendance

à la cinéaste qui voudrait réaliser, depuis les collines de Notre-Dame-d’Afrique, un panoramique  d’Alger « perle du monde arabe » en occultant les deux cimetières chrétien et juif, 

Du cheikh lubrique qui, pour sauver quatre pécheresses , assouvit sur elles ses pulsions sado-masochistes
À l’imam illuminé  qui exhorte  ses ouailles à suivre les prêches d’un enfant de 6 ans vénéré par Khadafi tandis que son assistant s’évertue à élargir  son trafic de stupéfiants,

Il faut aimer Alger et l’Algérie comme Merzakh Allouache pour pouvoir encore  rire , ou faire semblant,   lorsque le film s’achève sur la grande fête de mariage d’un « tchi tchi » passé maître de l’immobilier et assuré de hautes protections qui fera conduire  » Ad patres » l’alcolo qui avait osé lui tenir tête en lui rappelant l’origine de sa fortune.

 

<evelinecaduc.fr>

 

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