Aujourd’hui 15 octobre,
différé d’un jour par les grandes pluies en marche sur l’azur,
c’est
passé trois mois
l’hommage national aux victimes du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais
des noms, des temps de vie pour que cessent de tourner en boucle
ces bouillies sanglantes laissées par les roues d’un 19 tonnes
elle s’appelait Lena, elle avait deux ans
il s’appelait Yannis, il avait quatre ans
elle s’appelait Kayla, elle avait 6 ans
Élouan avait 12 ans
ils s’appelaient François, David, Sean, ou Michael
Christiane ou Fatima, Carla, Zahia, Gisèle ou Cristina
Hervé, Pierre, Françoise ou Véronique, Jacqueline ou Germain
Dans la mémoire de tout un peuple, ils rejoignent désormais ceux des massacres terroristes de 2015
et au delà
comme l’a rappelé, lors du précédent hommage national, le père d’une des victimes du Bataclan.
C’était au Milk-Bar , à Alger, il y a 60 ans, le 30 septembre 1956.
Celle dont il a dit le nom et qui aimait à se faire appeler « porteuse de feu »
savait bien qu’elle posait une bombe à l’endroit précis où,
d’une glace,
on consolait tant d’enfants à la veille de la rentrée scolaire !
Et les images reviennent en boucle :
l’enfant, sa tête éclatée sur une table,
un peu plus loin, une bouteille de menthe qui n’en finit plus de se vider sur le sol
et le vert se mêle au rouge, à tous les rouges au pied des guéridons verts et des fauteuils d’osier blanc,
la traînée rouge comme une écharpe abandonnée sur un dossier de chaise blanche…
Par la grâce inattendue de ce rappel dans la cour des Invalides
lors de l’hommage national à toutes les victimes du terrorisme,
le 19 septembre 2016 ,
ces images vont-elles enfin cesser de tourner en boucle pour les parents des victimes
et pour celles qui ont survécu, amputées à vie?