Algérie, une seconde révolution? (17)

17 avril 2011

Lu pour vous dans EL WATAN

Le 17/04/ 2011

Concours d’écriture sur le dialogue interreligions

Belle leçon de tolérance des jeunes

Ils s’appellent Hanane, Yasmina et Nabil. Ils sont jeunes, 16 ans, ils ont du talent à revendre et sont animés d’un grand humanisme  l Ce sont les heureux lauréats du concours sur le dialogue interreligions, initié par l’ambassade des Etats-Unis à Alger, en collaboration avec les Scouts musulmans algériens (SMA) l Une belle leçon de tolérance.

Sous les auspices de l’ambassade des Etats-Unis à Alger, en collaboration avec les Scouts musulmans algériens (SMA), et dans le cadre de ses activités culturelles, un concours d’écriture a été lancé à l’endroit des collégiens et lycéens algériens, portant sur le «Dialogue interreligions», promouvant la tolérance, l’humanisme et la fraternité entre les peuples.
Les candidats devaient rédiger un texte sur le dialogue des religions quant à des questions internationales ou nationales liées au sujet, sur des perspectives historiques ou sur une expérience personnelle à travers laquelle les participants décriraient le concept, le rôle, la forme et le but du dialogue des religions dans le monde moderne.

La créativité et l’analyse critique étaient des critères à encourager. Aussi, le jury, composé des journalistes Mohamed Baghali, Brahim Takhroubt, Karim Kebir et Yazid Aït Mahieddine, du professeur universitaire Tahar Bellal et du membre du SMA Réda Bastandji, a eu l’insigne honneur de sélectionner les trois meilleurs articles parmi une profusion de textes. Aussi, une  réception de remise des prix a été organisée, jeudi soir, à la résidence du chargé d’affaires de l’ambassade des Etats-Unis à Alger, William Jordan, en l’honneur des trois heureux élus et en présence de leurs parents, de Nouredine Benbraham, président des Scouts musulmans algériens, de journalistes, des personnalités de la société civile et d’amis de toutes confessions.

Esprit de paix

Dans son allocution, William Jordan exhortera : «La foi religieuse est source de compréhension, compassion et d’acceptation de l’autre. Les Croisades, l’Holocauste et le 11 Septembre furent terribles pour les gens qui ont vécus. La foi ne doit jamais être une source de division mais d’esprit de paix et de tolérance… ». Abondera dans le même esprit de tolérance, Nouredine Benbraham : «Il s’agit de forger nos idées pour rapprocher la jeunesse et la motiver sur la réalité et pour le futur. Et ce, à travers ce projet prônant l’expression, la tolérance, la fraternité, la paix et le respect mutuel. Merci au staff de l’ambassade des Etats-Unis et félicitations aux jeunes et aux membres de leur famille…».

Les lauréats sont : Premier, Ouaari Nabil, 15 ans,  lycéen et excellent élève de Constantine, aimant la lecture, violoniste et basketteur, classées ex aequo, Mokhbi Hanane, 16 ans, lycéenne de Mostaganem, passionnée d’écriture, et Benbrahim Yasmina, 16 ans, de Tizi Ouzou, passionnée de politique et désirant devenir journaliste. Les trois jeunes auteurs ont lu respectivement leur texte d’excellente facture aux valeurs universelles et cardinales promouvant la paix, la tolérance et le respect d’autrui. Les trois gagnants se sont vus offrir une bourse d’une année dans une école, de leur région, de langue anglaise ainsi qu’un ordinateur portable et des lots de livres en anglais et en arabe.

La difference, une richesse

Hanane Mokhbi, à l’issue de la réception, nous confiera : «C’est ma mère qui m’a encouragée à participer à ce concours. Le thème portant sur le dialogue des religions m’a interpellée en tant qu’humaine et musulmane. Notre religion, l’Islam, nous enseigne la tolérance et le respect de l’autre et de sa religion.
Il faut s’accrocher, s’ouvrir sur le monde.» Benbrahim Yasmina, qui adore la chronique Point Zéro de notre collègue Chawki Amari – c’est dire combien cette jeune fille s’intéresse à la politique – nous lancera cet «aphorisme» : «Il faut s’enrichir de la différence des autres !» Une belle leçon d’espoir et d’espérance !

K.Smaïl


Lu pour vous dans EL WATAN

Le 17/04/2011

Réactions d’universitaires au discours du chef de l’état

Le problème de l’université occulté

Mouhouche Garichi. Union des grandes écoles : «La crise de l’université algérienne est complètement ignorée»
«L’Union des grandes écoles se déclare très déçue par le discours du président de la République, qui a complètement ignoré la crise qui secoue l’université algérienne. Nous avons eu des échos qui disent que le discours avait été programmé avant les derniers développements, à savoir le rassemblement du 11 avril devant la Présidence, la marche du 12 avril et le blocage de la route menant au ministère le 13 avril.»
Docteur Yelles, médecin résident : «L’ouverture des médias permettra aux médecins d’argumenter leur attitude»
«Dans le cadre du Collectif autonome des médecins résidents algériens, nous avons décidé de ne pas faire de commentaire d’ordre politique. Mais en tant que médecin, je suis très intéressé, notamment par le chapitre portant sur l’ouverture des médias sur la société. Nous attendons un débat contradictoire entre les médecins résidents et leur tutelle.
Cette dernière a utilisé l’ENTV pour dénigrer le travail des médecins résidents et leur mouvement. Nous avons un grand espoir en cette décision. Un débat en direct sur l’ENTV permettra aux médecins de clarifier et d’argumenter leur attitude.»

Farid Lhadj Mohand. membre de la Coordination nationale autonome des étudiants : «Le Président n’a pris aucune décision concrète»
«Sur les problèmes de l’université et la marche organisée par les étudiants, le président de la République n’a pas soufflé mot, ce qui nous laisse dire que le pouvoir continue dans sa politique de démantèlement du secteur de l’enseignement supérieur, à l’instar d’ailleurs des autres secteurs publics.
Dans son discours, il annonce quelques réformes et promet des projets d’investissement.
Sur ce plan, le Président va continuer toujours les mêmes politiques qui ont généralisé les inégalités sociales, la précarité du travail et la remise en cause du droit à la retraite. Il a vanté les mérites de ses projets d’investissement au moment où tous les secteurs sont en grève, au moment où la multiplication de ces luttes a mis à nu la contradiction de taille entre son discours et la réalité que vivent les masses au quotidien. Le Président a annoncé aussi son refus catégorique de l’ingérence étrangère dans les affaires du pays sans pour autant changer l’orientation économique qui nous fera sortir de cette dépendance vis-à-vis de l’impérialisme.
D’ailleurs, le métro d’Alger et l’aéroport international sont gérés par des multinationales, le pétrole est exploité par des entreprises étrangères, sans oublier le port d’Alger, El Hadjar concédés à des patrons privés étrangers. Refuser une ingérence étrangère et en même temps laisser les richesses du peuple entre leurs mains est contradictoire.
Les richesses du pays doivent servir les besoins de la majorité, à savoir les travailleurs, les chômeurs, les paysans et les étudiants. Le discours du Président intervient dans une conjoncture exceptionnelle, marquée par la multiplication et la montée des luttes sociales qui secouent presque tous les secteurs en Algérie : les cheminots, les dockers, les enseignants contractuels, les travailleurs du pétrole, les communaux, les étudiants, les postiers ainsi que les chômeurs et la liste est longue.
Il intervient aussi dans une conjoncture marquée par les révoltes des peuples des pays arabes, qui ont pu chasser des présidents dictateurs jusque-là inébranlables, et aussi une montée des luttes sociales menées par les travailleurs contre les politiques d’austérité budgétaire comme conséquence de la crise financière causée par les spéculateurs et les bourgeois.
De manière générale, le Président n’a pris aucune décision concrète pour régler les problèmes des masses et leurs besoins de travail, de logement, de libertés et de justice sociale.»

Djedjiga Rahmani


Lu pour vous dans EL WATAN

Le 16/04/ 2011

Un homme affaibli par la maladie : Les Algériens «découvrent» leur Président

On l’attendait depuis plus de quatre mois. Mais le président Bouteflika est tout, sauf un homme qui réagit sous la contrainte. Ni les flammes des émeutes de janvier et encore moins le grondement de la rue, depuis plus de deux mois, n’ont réussi à lui soutirer quelques mots.

Pour beaucoup d’Algériens, Bouteflika est soit un président arrogant et insensible, soit un homme malade déconnecté des réalités. Hier en tout cas, on pouvait faire les deux appréciations à la fois. Pour un chef d’Etat qui n’a jamais daigné ne serait-ce qu’une fois, en 12 ans de règne, s’adresser à son peuple dans la solennité de son bureau, cette première traduit une subite prise de conscience du danger. C’est un homme visiblement très fatigué qui s’est présenté devant les Algériens. Le geste lent, la voix inaudible par moments et les yeux rivés sur ses feuilles, Bouteflika paraissait dans une posture inconfortable d’un président forcé à s’acquitter d’une «corvée». On était loin de l’homme énergique qui tapait du poing sur le pupitre et martelait ses certitudes par trois fois, dans des discours aux accents comminatoires.

Les 22 minutes durent être une véritable épreuve pour lui. Cela sautait aux yeux. Sa main droite était tellement lourde… De l’autre, il soulevait laborieusement les feuilles noircies de quelques lignes en gros caractères. Tout au long de son discours, le Président n’a pratiquement pas levé la tête pour «regarder» ses concitoyens qu’il savait très nombreux à être suspendus à ses lèvres. Ironie du sort pour un homme qui ordonnait à ses compatriotes de «lever la tête» (Erfâa Rassek Aba !) quand sa voix portait et que son poing tapait fort. Mais le pouvait-il ?

«Erfâa Rassek Aba !»

Au-delà du contenu très discutable de ses promesses aux contours flous, on perçoit une hésitation et un manque de conviction de la part d’un homme ombrageux qui ne cède pas à la pression, fut-elle du peuple. L’impression est que Abdelaziz Bouteflika a été forcé à subir cette épreuve du grand oral pour sauver la face d’un régime qui cherche déjà  son successeur. Pour les téléspectateurs, c’est un Bouteflika «has been» qui est venu «rassurer» sur l’Algérie de demain telle qu’elle est conçue et envisagée dans les laboratoires du régime. On sentait le détachement du Président quand il évoquait l’association de tous les partis politiques à la réflexion sur la nouvelle architecture constitutionnelle annoncée. On prenait aussi la mesure de son désarroi en annonçant la dépénalisation du délit de presse qu’il avait lui-même fait voter.

Abdelaziz Bouteflika n’est pas homme à reconnaître ses torts. Même diminué physiquement, il n’a pas jugé utile d’évoquer le retour à la limitation des mandats présidentiels qui aurait  pu donner un sens à la révision constitutionnelle annoncée. Mais il était visiblement difficile pour lui de se déjuger devant le peuple. Il a préféré empaqueter le projet – farci de cette exigence politique ? – et le remettre à une commission, histoire de sauver sa fierté d’avoir profité personnellement de cette largesse.
Mais pour le reste, Bouteflika s’est contenté de lire une feuille de route qu’il ne semble pas maîtriser. De par certaines de ses incohérences et le ton monocorde du Président, on serait tenté de mettre un «à suivre», au bas de son discours. Il y a certaines images, en effet, qui parlent plus que des kilomètres de littérature. Et hier, les Algériens ont fixé surtout l’image d’un Président, le moins que l’on puisse dire, diminué.

Hassan Moali

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