Lu pour vous dans EL Watan
Le 09/04/11
Ils s’estiment abandonnés par l’État
Les GLD affûtent leurs «armes»
Pas de trêve sociale. La contestation gagne chaque jour du terrain et de nouvelles catégories sociales entrent en scène. C’est au tour des Groupes de légitime défense (patriotes) de rejoindre le cortège des luttes sociales. Ils ont décidé de se mettre en ordre de bataille.
Mais cette fois-ci, c’est pour dénoncer l’exclusion sociale dont ils se disent victimes. Regroupés au sein d’une coordination nationale, les Patriotes tiendront un sit-in, lundi, devant le Sénat, à Alger.
«Nous, patriotes, après concertation avec les représentants de nombreuses wilayas du pays, avons décidé d’organiser un sit-in de contestation pacifique et permanent devant le Sénat pour exiger une solution à notre désastreuse situation sociale», a indiqué la coordination dans son communiqué rendu public hier. Tarek Chokrouni, patriote de la région de Boufarik, s’exprimant au nom de la coordination nationale des patriotes, a jugé que la situation sociale des patriotes est devenue «intenable». «Nous sommes complètement marginalisés.
Des veuves de patriotes assassinés par les terroristes demandent l’aumône, des invalides à 100% touchent une indemnité de misère de 9000 DA, d’autres invalides touchent la maigre somme de 4300 DA, sans parler des personnes atteintes de maladies chroniques», a décrit le coordinateur national des patriotes. Dans leur plateforme de revendications qu’ils comptent remettre au président de la chambre haute du Parlement, le jour de leur rassemblement, les patriotes réclament, entre autres, «un statut particulier qui assurerait une reconnaissance de l’Etat, assurer une prise en charge médicale avec couverture de tous les frais occasionnés pour les patriotes atteints de maladies chroniques, garantir aux ayants droits des patriotes décédés une pension qui doit être égale au SNMG, assurer une indemnisation juste et équitable pouvant préserver leur dignité et la réévaluation des pensions attribuées aux blessés et aux ayants droit des patriotes décédés (…)». Cette frange de la société, estimée à 80 000 personnes, qui est venue au secours de la République les armes à la main, se trouve actuellement inclassable juridiquement. «Nous avons prêté main-forte aux forces de sécurité. Nous avons fait des ratissages aux côtés des unités de l’ANP, et maintenant que le pays a retrouvé paix et stabilité, on nous a marginalisés sans aucune reconnaissance», s’est indigné Tarek Chokrouni.
Un statut pour les patriotes
Depuis une décennie, les pouvoirs publics promettent à cette catégorie un statut leur fixant les conditions et les modalités d’octroi d’une pension ; des engagements non tenus. L’ex-ministre de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait assuré, le 8 avril 2006, que «les patriotes ne seront pas oubliés par l’Etat» et que les pouvoirs publics sont en train de travailler à une formule adéquate pour les prendre en charge. «Il reste juste à définir le cadre légal pour prendre en charge cette catégorie», avait-il promis. Mais les années passent et «les hommes debout» trébuchent. Les patriotes s’estiment trahis. «Il est temps de réparer cette injustice faite à ces gens qui ont défendu le pays au péril de leur vie», a rappelé le porte-parole des patriotes.
En somme, après celui des gardes communaux, un autre bras de fer s’engage entre les patriotes et les ministères de l’Intérieur et de la Défense nationale. Les patriotes, dont le parti d’Ahmed Ouyahia a souvent réclamé «la paternité politique», sont décidés à livrer bataille. Le gouvernement va-t-il gérer encore une fois ce nouveau conflit par le bâton et la diversion ?
Hacen Ouali
Lu pour vous dans EL Watan
Le 06/ 04/ 2011
L’Algérie accusée de bafouer les droits fondamentaux de ses citoyens
Dans un communiqué paru mercredi sur son site internet, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a, une nouvelle fois, sévèrement critiqué le gouvernement Algérien qu’elle accuse de commettre plusieurs violations des libertés publiques. « La levée de l’état d’urgence par les autorités algériennes le 24 février 2011 est un pas dans la bonne direction, mais elle n’a pas restauré les libertés civiles fondamentales des Algériens », estime à ce sujet HRW.
Malgré la levée de l’Etat d’Urgence, les autorités Algériennes continuent « à bafouer les droits fondamentaux des Algériens comme, entre autres, les droits de rassemblement et de réunion, pourtant consacrés par la Constitution algérienne », explique HRW.
Par ailleurs, selon Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch, « la levée de l’état d’urgence n’a eu pour l’instant que très peu d’impact sur l’exercice de leurs libertés civiles par les Algériens, car l’arsenal juridique préexistant est parfois tout aussi répressif, ou utilisé de manière répressive ».
Pour Sarah Leah Whitson, « les autorités algériennes doivent travailler à abroger ou réviser ces textes, le cas échéant, et à mettre un terme à certaines pratiques arbitraires et abusives de l’administration qui n’ont, la plupart du temps, aucune base légale ».
HRW rappelle, dans ce sens, que « le droit de rassemblement est protégé par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques auquel l’Algérie est partie ». « Le droit de rassemblement est également garanti par l’article 11 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, Charte que l’Algérie a ratifiée », précise encore le communiqué de HRW.
Pour remédier à cette situation, HRW conseille à L’Algérie de « réviser sa législation sur les manifestations et réunions publiques afin qu’elle soit conforme notamment aux normes internationales concernant le droit de rassemblement et de réunion ».
« Afin de protéger le droit de réunion, la loi devrait être révisée afin de restreindre le pouvoir arbitraire des autorités et obliger ces dernières à motiver l’interdiction de ces réunions sur la base de critères étroitement définis, spécifiques, proportionnés, clairement énoncés et légitimes dans leurs visées », explique à ce propos le communiqué de HRW.
Enfin, Human Rights Watch appelle à l’élaboration d’une loi qui « devrait obliger les autorités à communiquer rapidement les raisons de leur refus aux organisateurs du rassemblement et leur garantir le droit de faire appel du refus dans un délai raisonnable et d’une manière appropriée devant une juridiction impartiale ».
Mais, en attendant cette nouvelle législation, en Algérie, « la société civile » demeure toujours « fragilisée par l’obligation de se soumettre aux pratiques arbitraires des autorités ou de mener ses activités dans un cadre non-légal », souligne Sarah Leah Whitson.